PREMIÈRES LIGNES #248

Bonjour, ravie de vous retrouver pour ce rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque. Cela permet ainsi de se faire une idée sur le livre que nous allons lire voire même de faire une belle découverte. Nous aimons beaucoup le principe.

Le concept est simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.

Le choix de EMY :

Prologue

13 juin 1825, Saint-Quévaen, Bretagne.

Ils me dévisagent.
Tels de foutus rapaces guettant leur proie, ils observent mes moindres faits et gestes. Les regards lourds se posent sur moi.
Je devine leurs interrogations, je perçois leur agitation. Leurs pensées sont si bruyantes qu’elles arrivent jusqu’à moi par vagues assourdissantes.
D’habitude, cela ne me gêne pas. D’habitude…
D’ordinaire, je ne souhaite que cela. J’aime être observé, admiré, être au centre de l’attention… Je suis quelqu’un d’important, je suis séduisant, je parle souvent fort, ma tête est toujours haute, mon regard ne faiblit jamais.
Mais pas aujourd’hui.
Non… pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, je voudrais leur dire de partir, leur hurler les mots de colère et de honte qui tourbillonnent sauvagement dans mon esprit.
Or…
Ça ne servirait à rien de leur expliquer, ils ne comprendraient pas. Les stupides lois qui régissent ce monde, et notamment cette bourgade, m’en empêchent. Les règles de notre société priment sur la loyauté et celles de la religion, sur le bon sens. Les devoirs, l’argent et l’honneur passent avant l’amour. Et la magie… La magie est considérée comme une aberration. Une hérésie, une perversion, quelque chose qui ne devrait pas exister et qu’il faut annihiler.
En dépit de l’obscurité naissante du jour, la lune – qui ce soir voulait être aux premières loges – flamboie déjà et inonde les lieux d’une douce lueur inappropriée. L’atmosphère est pesante, la nature l’est tout autant, tout semble figé aux alentours : le vent, les arbres, les oiseaux… rien ne bouge.