Bonjour, ravie de vous retrouver pour ce rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque. Cela permet ainsi de se faire une idée sur le livre que nous allons lire voire même de faire une belle découverte. Nous aimons beaucoup le principe.
Le concept est simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.
Le choix de EMY :

Je sens le café bouillir entre mes doigts, à travers le gobelet en carton. Penchant la tête, je me positionne de façon à me trouver dans la trajectoire ascendante de la fumée. La chaleur est divine même si le contraste avec le froid ambiant me fait monter les larmes aux yeux. Elle réchauffe mes narines gelées. Les pieds solidement ancrés au pont, je me penche au bastingage. Un très léger remous me berce comme si la nuit commençait. Elle est en réalité déjà finie. Le soleil fraie quelques rayons à travers l’amoncellement des nuages. Timide salut matinal. L’eau prend déjà des teintes bleuâtres. Finie la noirceur de la nuit, place à la lumière. Mes mains se réchauffent peu à peu. Le froid est tout de même étonnant. Je n’ai passé que quelques minutes à l’extérieur, emmitouflé dans des montagnes de vêtements au textile << technique » censé conserver la chaleur corporelle et pourtant il a réussi à s’immiscer, sournoisement, dans les interstices et je me transforme peu à peu un bloc de glace mobile. Enfin, pour la mobilité, cela reste à voir tant chaque mouvement représente un effort inhumain. Mes mains, que j’ai étrangement et stupidement laissées sans protections me regardent, rouges de colère. J’impute cet oubli à la fatigue et à l’horaire précoce.
Autour de moi, c’est le silence ou presque. Je perçois plus que je n’entends les mouvements des marins qui commencent lentement leur journée. Le bateau reprend vie, émergeant lui aussi de sa torpeur nocturne.