Bonjour, ravie de vous retrouver pour ce rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque. Cela permet ainsi de se faire une idée sur le livre que nous allons lire voire même de faire une belle découverte. Nous aimons beaucoup le principe.
Le concept est simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.
Le choix de EMY :

SCÈNE 1
L’ENVOL
Royaume de France, Province du Berry – 20 mars 1722. L’oiseau de nuit volait depuis des heures sur la campagne silencieuse, encore pétrifiée par l’hiver et nimbée d’un épais manteau de brumes. Un dédale de chemins et de champs couverts de larges plaques de neige qui luisaient par instants sous les pâles lueurs de la lune. De temps à autre, émergeaient au loin du voile glacé la flèche noire d’un clocher, les ailes décharnées d’un moulin pétrifié et des fermes pouilleuses éparpillées aux quatre vents. Il se posa enfin sur le pignon d’une sombre bâtisse dressée sur une colline grise et perdue au milieu de ce grand nulle part.
Sous la toiture délabrée de l’orphelinat, la faim, le froid et l’ennui rendaient les garçons insupportables. Le calme apparent dégénérait en bagarre collective à la moindre occasion. Pour une couverture, un regard de travers, un croûton de pain, une souris morte… La première tempête de l’hiver avait soufflé dès novembre en figeant la campagne sous deux toises de neige, et comme attendu les paysans et les villageois se calfeutrèrent dans leurs bâtisses. Par la force des choses, les pensionnaires rentrèrent à leur tour s’abriter la mort dans l’âme et se retrouvèrent de nouveau face à face, verrouillés et confinés entre ces quatre murs pour d’interminables semaines.