Bonjour, ravie de vous retrouver pour ce rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque. Cela permet ainsi de se faire une idée sur le livre que nous allons lire voire même de faire une belle découverte. Nous aimons beaucoup le principe.
Le concept est simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.
Le choix de JULIE :

Prologue
Lorène
Quelque part dans le sud de l’Italie
« Je me rappellerai toute ma vie de ce coup de fil ce matin-là. C’était un jour de juillet, chaud, ensoleillé, prometteur.
Je me revois déposer ma brindille à l’école, l’année scolaire allait toucher à sa fin d’ici quelques jours. Je venais de rentrer d’un séjour de trois mois en Norvège pour ma dernière exposition et Ellyn se faisait une joie que je l’emmène.
J’entends encore le babillage de tous ces enfants franchir le portail et s’élancer dans la cour, heureux de retrouver leurs camarades. Je me souviens du va-et-vient de ces parents, venus déposer leur progéniture avant d’aller au travail. Je perçois toujours les sons, les odeurs, la chaleur du soleil sur ma peau, le chant des oiseaux et la légèreté des vêtements que je portais en cette matinée d’été.
C’est fou comme un souvenir n’est parfois pas qu’une simple image. Il peut se composer de tant d’autres choses, de tant de sensations. Des éléments qui séparément, feront leur réapparition plus tard tout au long de votre vie, et qui lorsque vous les apercevrez, vous ramèneront toujours à cet instant-là, celui où tout a basculé.
Je me remémore la sonnerie du téléphone, coincé au fond du sac à main, et ce soupçon d’étonnement en voyant ton prénom s’afficher. Nous avions pour habitude de nous écrire des lettres régulièrement, puis à l’ère moderne, des mails et beaucoup de SMS. En revanche, nous nous appelions uniquement en cas d’évènements importants. Je devais venir quelques semaines plus tard pour les vacances. Tu souhaitais sans doute évoquer le programme des réjouissances.
J’ai décroché sans m’inquiéter, sans penser une seconde à ce que tu allais m’annoncer. C’est ce genre de moment, celui qui précède l’apocalypse dans une vie. L’instant d’avant, tu es heureuse, uniquement préoccupée par des broutilles, disputant ta fille sur le chemin de l’école parce qu’elle ne marche pas assez vite. L’instant d’après, tu t’effondres, parce que la vie est une vraie salope parfois et que c’est ton amie qu’elle a choisie pour exercer son rôle le plus sadique. Entre ces deux moments, quelques millièmes de secondes, un flottement, une bulle de tranquillité sur le point d’exploser.
On ne mesure pas la chance qu’on a. On ne mesure pas que tout peut basculer soudainement et qu’on ne maîtrise rien. On croit qu’on maîtrise, ça nous rassure, même si on se leurre profondément.